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Entretien avec Christine Zhiri pour la sortie de « Fous à l’air libre »

Véronique & David Zorzi : Une première question nous vient à l’esprit après la lecture de Claude Vercey qui constatait que votre écriture « tranche sec avec les habituelles premières pousses poétiques » : pourriez-vous nous dire quelle a été la genèse de Fous à l’air libre ?



Christine Zhiri : Le discours du fou lorsqu’il est déraciné du réel a souvent une dimension poétique. Ma sœur schizophrène m’a ouvert des espaces où la raison commune n’est plus maîtresse des lieux. Je lui dois beaucoup.


Quelles sont les lectures, d’hier et d’aujourd’hui, qui vous ont influencée ?


Christine Zhiri : Mes lectures s’enracinent dans le 20è siècle. J’ai découvert la poésie contemporaine par Édith Azam, une révélation. J’ai ensuite lu avec avidité Albane Gellé, Valérie Rouzeau, Christophe Tarkos, Jean-Luc Parant, Eugène Savitzkaya, Jacques Roubaud, Herta Müller, James Sacré, Antoine Emaz, Thierry Metz... Je cherche dans mes lectures un souffle, une liberté créatrice, une sensibilité singulière... Régulièrement j’aime relire Jacques Prévert, Louis Aragon, Guillaume Apollinaire...


Vous nous faites entrer dans un jeu de langage où les cartes sont rebattues, « assise sur un banc j’épluche ma langue à l’aide d’un économe je suis fine gueule je raffole des millefeuilles », le registre littéraire, le langage courant, l’écriture théâtrale se croisent… Quelle est la part de lâcher-prise dans votre manière d’écrire ? Jeu libre ou art de la maîtrise ?


Christine Zhiri : D’un état de grande disponibilité où tous les sens sont mobilisés dans une hyper acuité surgit une bousculade d’images, de mots, de sons, de phrases qui souvent me réjouit, vient ensuite une marche en solitaire plus ou moins longue, je ne le sais pas à l’avance.


Ce fou qui « cherche un auditoire », qui « sait les autres fous », pose la question du rôle de la poésie, perçue trop souvent comme un langage hermétique, qui ne parle qu’à elle-même. Quel(s) rôle(s) attribuez-vous à ce langage ?


Christine Zhiri : Le langage poétique permet l’accès à notre part obscure, absurde, bancale, il élargit, affine nos perceptions, notre sensibilité, il nous déplace. Une vraie aventure...


Enfin, en tant que professeur de mathématiques, pourriez-vous nous dire s’il existe un lien dans ce recueil entre les mathématiques et le langage que vous y déployez ?


Christine Zhiri : Le langage mathématique est étanche aux émotions, aux interprétations, aux cultures, il est précis et universel, c’est tout le contraire en poésie.


Août 2023

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