On déambule avec plaisir dans l’arboretum intime de Samuel Martin-Boche dans lequel chaque court poème évoque une essence d’arbre particulière comme pendant une promenade on découvre et caresse du regard les arbres en lisant l’étiquette qui donne leur nom.
Dans cette collection botanique le promeneur/poète nomme les arbres et fait surgir des formes, des couleurs, des matières, des atmosphères, des caractères. Pourtant il ne s’agit pas ici de descriptions mais de signes de reconnaissance à partager. Chaque arbre est l’évocation de personnalités inscrites dans une histoire, des rites, des mythes ou des habitudes… Les arbres sont « des noms qui poussent à la verticale » comme les humains.
Travail de Jean-Louis Magnet en regard des poèmes de Samuel Martin-Boche.
On apprécie surtout le goût des mots et le « clin d’œil » qui englobe et détaille en quelques vers en forme de haïkus. C’est le type de poème de 3 lignes que Samuel Martin-Boche utilise comme un exercice de style très réussi. Avec une certaine verve retenue, il façonne le haïku à la française car il est difficile de respecter le cadre du haïku japonais – il fait d’ailleurs une référence bien choisie à Issa à propos du paulownia. Exercice réussi par le sujet, l’arbre et la nature mais aussi par le rythme et l’ouverture sémantique de chaque poème. Chaque texte montre aussi l’intérêt du poète pour le mot lui-même, le sens comme la sonorité : platane/platitude – manglier/imbroglio - ou sa connotation : pêcher/remord.
Chaque texte est juste et joliment surprenant, pourtant l’arbre est, en poésie un sujet assez courant. Dans ce recueil l’arbre d’abord sujet scientifique dans une collection en est extrait pour devenir un sujet singulier et familier.
Mais au-delà de l’exercice il y a un vrai plaisir de recherche poétique et philosophique : « Les pensées dont on se défait en chemin » - « à quelle distance du mal exactement/se tient le genévrier ? »
L’ensemble de cette promenade botanique est rassemblée dans un joli livre non cousu, mis en page par les éditions du Petit pois, illustration de couverture de Jean-Louis Magnet.
C’est sans doute parce qu’
Un matin à l’étourdie
ai percuté un nuage -
ciel hérissé d’arbres
que Samuel Martin-Boche nous guide sur ces chemins de l’arbre et nous entraîne dans cette agréable rêverie poétique.
Luce Guilbaud,
novembre 2020.
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