En écrivant ce recueil j’ai choisi les mots un à un, avec précaution. Je leur ai proposé des alliances, j’ai formé des groupes, j’ai fait et défait leur ordre sans jamais me satisfaire ; jusqu’à, peut-être, quand je n’y croyais plus, et que j’étais sur le point d’abandonner, parvenir à finalement en aligner suffisamment pour faire une phrase. La fragile tentative de dire quelque chose.

Maintenant que toutes ces phrases sont écrites, je veux les abandonner à la sensibilité d’un autre et partir, comme un soleil qui dépasse l’océan pour s’en aller reposer de l’autre côté du monde. Je veux attendre honnêtement, humblement, que celui qui recevra soit guéri quelque part, qu’il puisse pardonner ; ou bien qu’il puisse rire et éclore un peu plus, s’améliorer ; ou encore qu’il se repose dans ses souvenirs, qu’il contemple tout ce qu’il a déjà vécu.

     Car ce recueil ne parle que de ça : comment on se sort de nos tristesses, comment on avance, comment on trouve un chemin parmi toutes les possibilités de la vie, comment les choses graves ne sont pas graves et comment les choses pas importantes sont importantes.

     C’est un recueil initiatique, qui raconte la lutte de mes deux dernières années, avec ses flaques de boue et ses rayons de soleil.

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Chloé Oster